Kamel Ben Ouanés connu plutôt comme homme de lettres et critique de cinéma passe de nouveau à la réalisation avec son nouveau court métrage « Le Procès ».
Dans son style particulier de littéraire, il nous invite à nous pencher essentiellement sur la déraison chez l’homme par le biais d’un récit (puisé dans l’imaginaire arabe) / procès intenté par un laboureur s’estimant avoir été agressé par un chameau.
Nous sommes en présence d’une cour ayant lieu dans une cour intérieure d’une maison de style arabe présidée par un cheikh entouré des notables, d’un témoin, du plaignant, de l’accusé à savoir le chameau et de son propriétaire ainsi que de certains présents. Il se fait que selon certaines croyances mais aussi certains Éthologistes, le dit chameau à l’instar d’autres animaux particulièrement l’éléphant est doué d’une excellente mémoire utile pour la reconnaissance de son maitre, des pistes et des chemins mais aussi de ceux qui le maltraitent… Cette fantastique mémoire « muette » et fortement patiente, incite occasionnellement la bête à prendre sa revanche lorsqu’elle fait face à une maltraitance sourde venant de la part de l’homme qui l’exploite comme un outil de production.
Le verdict est volontairement invisibilisé à l’instar des femmes recluses dans une chambre attenante à la cour « épiant » le déroulement du procès ou l’intensité progresse au fur et à mesure des questions émises par le cheikh et des déclarations énoncées par le témoin.
De la symbolique, K. B. Ouanès utilise l’ensoleillement de la cour pour contrecarrer l’impact du procès dont la mélancolie générée par la frustration, la frustration de la bête, représentant à bien des égards, la majorité silencieuse du peuple qui n’a pas le droit de manifester et par là de se rebeller contre le joug de ses tortionnaires. Et si comme disait William Shakespeare dans son » Macbeth » …et si le peuple avait raison ».
Merci K. B. Ouanès qui avec peu de moyens, nous a régalé avec un court métrage riche en enseignements et utile parce que générant de la valeur.